En France, 90% des entreprises et des administrations fournissent un accès internet à leurs salariés. Et force est de constater que beaucoup – si ce n’est tout le salariat – passent du temps à flâner sur internet. Rien de bien grave jusqu’ici. Mais selon certaines études, le temps moyen passé sur internet et les réseaux sociaux au travail représente un coût faramineux pour les entreprises ! Ce qui pousse certaines d’entre elles à prendre des mesures draconiennes.
Des employés de plus en plus accros à internet
1h et 53 minutes : c’est le temps que passerait, en moyenne, un salarié à surfer sur internet tous les jours. Dans ce même temps, 44% du surf au bureau serait consacré à des recherches « personnelles ». Ne nous méprenons pas, seuls 20% des hommes admettent regarder des vidéos X sur leur lieu de travail. Mais ce surf personnel serait davantage consacré aux réseaux sociaux, à Youtube, à Wikipédia ou même Amazon selon une étude d’Olfeo. Cette même étude rapporte que, sur un an, un salarié passerait 25 jours à flâner sur internet pour des raisons personnelles ! Ce qui représenterait une perte de 6652€ pour les employeurs. Voici en détail et en image, l’étude d’Olfeo :

Etude de l’Olfeo (2015) / source : www.presse-citron.net
Faut-il empêcher les salariés de flâner sur internet ?
Partant de ce constat, les entreprises ont vu rouge. Selon une enquête du cabinet Poskauer, 36% des entreprises admettent désormais bloquer l’accès aux réseaux sociaux ! Votre entreprise est sûrement en passe de le faire aussi. Les raisons les plus évoquées par les employeurs sont les suivantes : protéger l’entreprise de virus malencontreux, de vols de données ou de tout autre type de cybercriminalité. Quand on sait que 5 grandes entreprises sur 6 ont été victimes de cyberattaques en France en 2014, les raisons évoquées plus haut ne sont pas tant exagérées. Mais on le sait bien : aucun employeur n’a envie de payer ses salariés pour qu’ils passent leurs journées sur internet !
Une équipe de chercheurs de l’Université du Nevada s’est récemment penchée sur le sujet du « cyberloafing », c’est-à-dire du surf personnel au bureau. Selon eux, cette pratique coûterait près de 88 milliards de dollars aux Etats-Unis ! Un chiffre exorbitant et qui, pourtant, est à prendre au sérieux. En effet, selon une enquête de l’Université du Kansas, 60% à 80% des travailleurs interrogés avouent flâner sur internet et les réseaux sociaux durant leur travail. C’est dans cette logique que l’équipe de chercheurs a créé un système informatique minutieux, destiné aux entreprises américaines qui souhaitent mettre fin à la « cyber-flânerie » de leurs salariés. Le système est simple : en filtrant certains sites, comme Facebook, l’employé n’aurait droit qu’à 10 minutes de surf personnel. Si l’employé dépasse ce temps, un message d’avertissement lui est envoyé. S’il excède 90 minutes par jour, l’employé sera définitivement bloqué des sites sur liste noire et devra, en plus, s’expliquer auprès de ses supérieurs ! Tout un système qui soulève la question de la légitimité de ce type de mesures.
En France, maintes jurisprudences ont montré qu’il était possible de licencier des salariés s’ils flânaient trop sur internet ! Tout dépend, à vrai dire, de la réglementation de l’entreprise. Mais entre les smartphones, les tablettes, les métiers de community managers et le besoin croissant d’e-notoriété pour les entreprises, mieux vaut ne pas brimer tous les salariés. Ils risqueraient de s’en plaindre sur les réseaux sociaux une fois rentrés chez eux !
Cyril Garrech-Casanova
Étudiant à Sciences Po Paris, diplômé du CELSA-Sorbonne et de l'Institut Mines-Télécom Business School.
(Promis, j'arrête bientôt les études)
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